Quand James Cameron se fait détourner

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L’œuvre de James Cameron est ancrée dans la culture populaire et certaines répliques de ses films sont dans toutes les mémoires. Les sujets abordés par le réalisateur canadien sont extrêmement riches. Son enfance, ses auteurs favoris et ses craintes sont au cœur de toutes ses histoires. Certaines intrigues peuvent facilement se mêler à d’autres. Le cinéma de James Cameron est parfait pour les mashupeurs.

Des fans de cet exercice (et du réalisateur) se sont lancés dans l’aventure. Il y a des mash-up plus pertinents que d’autres car bien évidemment certains auteurs ont tout compris au travail de James Cameron et arrivent parfaitement à l’illustrer avec d’autres œuvres. C’est le cas de ce premier exemple. Une bande-annonce totalement adéquate avecAvatar, l’œuvre initiale. Les dialogues d’Inception de Christopher Nolan remplacent ceux des acteurs du film de Cameron. Les deux longs-métrages sont diamétralement opposés au niveau de l’esthétisme ou de la mise en scène. On les range tous les deux dans la case SF mais ils représentent avec grandeur la largeur du genre.
Inception est une œuvre « originale » (le film se base sur la série Le Prisonnier) tout comme Avatar. C’est très intéressant de noter qu’au tout début du film de James Cameron le héros Jake Sully campé par Sam Worthington explique qu’en « cryo on ne rêve pas du tout ». Le réalisateur de Titanic fait référence à un de ses films préférés, 2001 – L’Odyssée de l’Espace de Stanley Kubrick où David le héros prononce cette phrase presque au mot près. Pourtant Jake Sully passe la moitié de son temps dans un caisson et plongé dans un sommeil artificiel afin de pouvoir vivre des expériences sur Pandora. Sur cette planète, il y retrouve l’usage de ses jambes. Il s’entraine et devient plus fort. Il est en parfaite harmonie avec le monde qui l’entoure.
Inception reste très terre à terre car les rêves que Nolan met en scène peuvent ressembler aux nôtres. Il parle de subconscient et se base sur ce que les humains vivent la nuit quand leur partie consciente part au repos. L’intrigue s’intéresse même au « rêve dans le rêve ». On s’est tous réveillé deux fois d’un cauchemar non ?  Les personnages sont aussi poussés vers un sommeil superficiel et chaque protagoniste possède des « super pouvoirs » dans leur propre rêve. Un peu comme nous au final.
Le film de Nolan nous garde terriblement les pieds sur Terre tandis que Avatar nous offre un monde fantasmé ou surfe sur la nostalgie de nos racines. « Pandora », ce monde qui nous fait tous rêver, ressemble énormément au début de notre chère Terre mère. James Cameron a étudié la Genèse et s’en est inspiré pour transposer certaines idées. « Au début il n’y avait rien ..  que la nature, les animaux… ». Ce dont à quoi nous aspirons tous. Avec Avatar on ne touche plus le sol, le spectateur s’évade et rentre dans un rêve dont il ne veut pas sortir. James Cameron a réussi à nous toucher en plein cœur avec cette nature aux couleurs flamboyantes et ces animaux irréels.
Inception et Avatar se rejoignent sur bien des points. Les personnages partent dans un sommeil provoqué par un tiers pour rejoindre un autre monde. Le but étant de se surpasser et d’obtenir une certaine rédemption. Ce mash-up est donc très pertinent, c’est amusant de voir à quel point les dialogues coïncident parfaitement avec les images.
Le Terminator contre Michael Myers. En voilà un Mash-up intéressant. L’idée est bonne car évidemment, Terminator de James Cameron sorti en 1984 aux États-Unis oscille entre deux gros genres : la science-fiction et le slasher. Cool et indémodable. Mais paradoxalement les messages de ces deux films ne se réunissent pas vraiment. Pourtant, on a deux bonhommes gigantesques et super flippants qui en ont après une seule femme.
Sarah Connor est poursuivit par un T-800 qui ne craint pas le feu, à vrai dire il ne craint pas grand chose même si elle arrive à le terminer à la fin du film dans des circonstances exceptionnelles.
Le robot venu du futur en a après elle car bientôt, elle rencontrera Kyle Reese, le père de John Connor. C’est marrant de penser que le Terminator revient de si loin pour l’empêcher d’avoir un rapport sexuel. L’histoire n’est pas du tout traitée dans ce sens, si on lit entre les lignes de Terminator le message est plutôt rebelle, James Cameron l’a écrit lorsqu’il faisait des petits boulots dont chauffeur de bus d’école. Ses idées libérales faisaient déjà parties de lui, le geek fan de SF s’en prend au système à travers son long-métrage. Pour revenir au mash-up Terminator/Halloween, le résultat est intéressant car le film de Cameron caresse doucement le slasher.
Il y a beaucoup de scènes qui flirtent nettement avec l’horreur. Cette vidéo a su capturer ces moments.
Les passages sombres, la démarche lente, les espaces/couloirs étroits. Même Michael Myers ne craint pas les flammes, tout comme le Terminator. D’ailleurs, la légende raconte que cette image sort tout droit d’un cauchemar de James Cameron. A son réveil il était obsédé par ce qu’il avait vu, il l’a dessiné immédiatement. Terminator nous parle de la mort, le robot représente la fin et Sarah Connor est la vie. Il y a aussi un message anti-autorité et pour le coté fun Cameron a « adouci » le récit avec un zeste d’horreur.
Lorsque le Terminator tue la colocataire de Sarah Connor nous sommes en plein dans le slasher. Le personnage venait tout juste de batifoler avec son petit ami, elle s’apprêtait à le rejoindre pour profiter un peu plus de leur soirée mais le T-800 y a mis un terme. La séquence est impressionnante et tellement incroyable. Cameron a utilisé le ralenti, le monstre s’approche d’elle doucement avant de l’abattre froidement.

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Pour terminer, place à un mashup plutôt fou et très drôle. Fallait y penser : Titanic VS Les Bronzés. Le résultat est hilarant, l’auteur a parfaitement mêlé certains moments dramatiques du film de James Cameron avec les dialogues de Patrice Leconte et la troupe du Splendid. On culpabilise presque lorsqu’on en vient à rigoler devant certaines scènes, l’exercice est totalement réussi. Au final, les dialogues prennent le dessus et bien sûr ils arrivent à concorder avec les passages diffusés. Comme n’importe quel mash-up, cela demande une grande connaissance des deux œuvres, et beaucoup d’amour pour chacune évidemment.
L’idée d’assembler ces deux films est folle mais il y a tout de même quelques similitudes. Dans Titanic et Les Bronzés il y a des communautés qui sont présentes pour passer du temps ensemble.  Les premiers voyagent vers une destination tout en passant un bon moment sur un énorme bateau, les autres sont sur place et profite pleinement de leurs vacances. Les deux longs-métrages s’intéressent aux interactions et au développement de certains sentiments entre quelques personnages. Bons ou mauvais, ce qui arrive tout le temps en communauté. Dans Les Bronzés, les touristes se défont de leur quotidien et du matériel qui les entoure. Ils privilégient la détente (plage, yoga, spectacle) et les relations avec les autres. Il en est de même dans Titanic, c’est d’ailleurs le message principal du film (en plus du bateau qui coule et nous avec si nous n’agissons pas pour la planète). James Cameron nous souffle son idée à la fin. Rose jette le Cœur de l’Océan à la mer car elle est pleinement détachée du « matériel ». Après tout elle dit non a un homme richissime pour filer avec Jack Dawson qui n’a qu’un crayon en main. Elle trouve son bonheur là où il n’y a pas de bijoux. Pour James Cameron, la folie des grandeurs c’est un peu « le mal ». La preuve avec ce bateau qui n’ a pas tenu la route.
Sous ce mash-up très marrant il y a donc une couche intelligente qui explique qu’au final les deux films sont liés. Sans oublier qu’un drame touche également la fin des Bronzés. Moins catastrophique, mais Gigi (Marie-Anne Chazel) perd l’être aimé : Bobo interprété par Luis Rego. Lui aussi il meurt en pleine mer. Grâce à ce mashup, on ne regardera peut-être plus Titanic et Les Bronzés de la même façon.
En se promenant sur le net, on se rend compte que James Cameron a énormément été détourné. C’est aussi logique vu la place de son œuvre dans la culture pop. Ces mash-up servent aussi à comprendre son travail. Certains auteurs de détournements grattent la première couche et ne s’en tiennent pas à une réflexion facile (Pocahontas), ils cherchent un sens et le communique à travers leur travail. Qu’on connaisse très bien ou très peu le réalisateur canadien ces vidéos apportent quelque chose au spectateur çar elles sont originales et très pertinentes.