Le Mashup dans l’art vidéo ou quand les artistes visuels empruntent des images à d’autres.

Il ne sera pas ici question d’établir une liste exhaustive de tous les artistes contemporains ayant utilisé le Mashup comme moyen formel et de penser, mais plutôt d’aborder ce sujet à travers différents exemples reflétant une certaine tendance dans l’art contemporain et une relative actualité du Mashup.

L’article d’aujourd’hui met à l’honneur le collectif Screen Bandita.

Screen Bandita, les « hors la loi du Cinéma ».

 « On ne vole pas les images, on se les réapproprie. » Screen Bandita

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Duo d’artistes d’Edimbourg et de Melbourne, composé de Lydia Beilby et de Leanora Olmi, Screen Bandita est un collectif de vidéastes qui lie admirablement bien installation, found footage (pellicule 8mm et 16mm, photographies, diapositifs) et l’utilisation du tourne-disque.

Screen Bandita, « Screen » en référence au Cinéma, nul besoin de s’attarder là-dessus. En revanche, « Bandita » suscite un peu plus mon attention. « Bandita » pour féminiser le mot bandit. Des Calamity Jane du cinéma ? C’est assez rare de revendiquer une posture de femmes « hors la loi du cinéma » de la pratique jusqu’au nom. « Hors la loi du cinéma » est une expression que j’ai d’ailleurs empruntée au collectif lui-même, au sujet de leur processus de création. J’en parlerai un peu plus longuement dans la suite de cet article.

Le collectif Screen Bandita donne une seconde vie à des images oubliées dans des greniers, des caves. Des photographies qui véhiculent de la poussière plus que du sens. Ces images se retrouvent alors dégagées de toutes contraintes liées à la propriété intellectuelle. Plus que détourner, j’irai même jusqu’à dire que le duo donne à voir. C’est d’ailleurs une des questions que se pose le collectif: celle de la paternité de ces images. C’est un point fondamental propre à toutes créations de mashupeur.

Le collectif – cela fait partie intégrante de leur démarche artistique – ne va pas seulement au contact des images mais provoque ce contact. Avec l’atelier« Viens avec tes propres archives » qu’elles ont mis en place, Lydia et Leanora récupèrent alors les images données par les anciens propriétaires. Les images et autres archives viennent finalement comme d’elles même au contact du collectif.

Screen Bandita s’attache à utiliser les images collectées toujours en se détachant de leur contexte et de leur signification d’origine. Et c’est en ça que nos deux Calamity Jane se revendiquent « hors la loi du cinéma ».

Un autre aspect du travail du collectif Screen Bandita est la musique, qui constitue la bande sonore accompagnant les images. La collaboration avec des musiciens, des poètes, des slamers est une méthode de production récurrente et très appréciée du collectif, qui souhaite avant tout créer un dialogue, une ouverture à chaque collaboration. C’est un point important de leur processus de création.

Pour conclure cet article, il est important d’avoir à l’esprit que leurs oeuvres sont plus à recevoir comme des poèmes audio-visuels, fruits de l’alliance entre images collectées (et données) et sons, entre cinéma et musique, entre nos Calamity Jane et leurs collaborateurs.

Je vous laisse apprécier un court aperçu d’un de ces poèmes mashup.