Le Mashup dans l’art vidéo ou quand les artistes visuels empruntent des images à d’autres.

Après les poésies visuelles du collectif Screen Bandita, toujours dans le cadre du Mashup utilisé dans l’art contemporain, je vous propose de découvrir ou redécouvrir Madonna y el Niño de Trisha Baga.

 Trisha Baga, artiste multidisciplinaire.

 «Une romance inter-dimensionnelle et une légende populaire philippine»

Trisha Baga à propos de son œuvre Madonna y el Niño

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C’est au Palais de Tokyo, lors de l’exposition CoWorkers que je tombe pour la première fois sur le travaille de l’artiste Trisha Baga. Américaine d’origine philippine, Trisha Baga est une artiste fondamentalement multiculturelle. Après avoir parcouru son site, cela ne m’étonne donc pas de la voir piocher dans différentes influences culturelles et sources d’informations (actualités, concerts de célébrités, histoires orales). Repoussant de plus en plus loin le mélange des cultures et des médiums.

Ayant d’abord travaillé avec de la vidéo essentiellement, elle introduit plus tard la performance et l’auto-filmage à sa pratique. Ce qui l’a conduit à produire une œuvre installative et pluridisciplinaire telle que Madonna y el Niño, 2010, qui mêle habilement une boule disco et une projection (voir photo plus bas). Fonds noirs, captures d’écran de son ordinateur, auto-filmage et surtout, et c’est ce qui fait l’objet de notre article, des images de concerts, des photos, un menu de DVD et des interviews de Madonna composent l’imagerie de cette œuvre d’art.

Trisha Baga

Madonna où plutôt son image sert la fiction que met en place Trisha Baga. Fiction qui unit un discours autour de la lumière et des particules non-visibles et la star Madonna.

Trisha part d’un constat, “il y a des choses que l’on ne voit pas”, et s’engage dans une sorte d’enquête humoristique voire auto-dérisoire autour du ressenti. Dans ce docu-fiction l’icône Madonna, qui en est le personnage principal, est tantôt mise au rang d’étoile nous éclairant de sa lumière, tantôt tournée en dérision.

C’est d’ailleurs à ce moment là que l’influence de la culture du Mashup Cinema est la plus flagrante. J’y ai directement vu un lien avec les Musicless Musicvideo de Mario Wienerroither, cinéaste d’ailleurs classé chez les doubleurs de notre encyclopédie.

En effet on peut voir Madonna en plein show, courant de droite à gauche, allant et venant ne sachant plus où aller, perdue au milieu de toute cette foule. Tout comme dans les Musicless Musicvideo de Wienerroither, nous n’entendons plus que les pas de Madonna et autres bruits possible que l’on entendrait s’ils n’étaient pas couvert par la musique. Ce qui a pour effet immédiat de rendre visible ce qui ne devrait pas l’être. C’est-à-dire l’humanité de nos icônes, et nous perdant au passage faute de ne plus être une star, une étoile.

C’est donc avec un sentiment d’ambiguïté que je ressors de cette installation. Cette façon de procéder propre au Mashup m’a fait, ici, l’effet d’un ascenseur émotionnel. On se prend au jeu, on rit de Madonna pour ensuite voir la beauté de cette pratique. Madonna fragile, Madonna si forte, si provocatrice, Madonna perdue, devastée. Madonna y el Niño, Madonna l’enfant terrible, tout comme l’enfant terrible du climat.

Enfin il m’a semblé important de mettre en avant cette œuvre d’art car elle reflète pour moi un des bien-faits de la contamination de l’influence du cinema d’empreint dans la production d’art du moment. Le Mashup comme objet subversif d’aide à la compréhension de ce que l’on ne voit pas au premier abord.

 

Madonna y El Niño (2011) from Trisha Baga on Vimeo.